Les livrables du projet Sediasphalte produits par Nord Asphalte:

Article la CHRONIQUE DU BTP/ 28/11/2018

Le spécialiste de l’asphalte installé à Gondecourt pilote un vaste projet de recherche avec l’IMT Lille-Douai (Ex-Mines). Objectif : Substituer les granulats issus de carrières par des sédiments de dragage pour fabriquer de l’asphalte. Nom de code : Sédiasphalte.

Et si les sédiments de dragage se transformaient en nouveau gisement ? C’est en tout cas l’intuition de Francis Grenier, président de Nord Asphalte à Gondecourt. Si sa société maîtrise aujourd’hui l’ensemble de la chaîne de valeur de l’asphalte, de la production à la mise en oeuvre en passant par son transport, le patron n’en oublie pas moins qu’il est dépendant des granulats issus de carrières. Une ressource naturelle, dont le coût d’extraction aujourd’hui élevé, pourrait un jour se retrouver en tension. “Nos formulations d’asphalte comptent 70% de granulat. Nous nous sommes donc demandés comment substituer cette matière première par des sédiments de dragage”, explique le dirigeant. Avec un but : “économiser et/ou réutiliser des ressources qui ne seront pas éternelles”. Francis Grenier se rapproche alors de l’IMT Lille-Douai. Dans le cadre de la démarche nationale Sédimatériaux, les scientifiques planchent depuis de nombreuses années sur ce co-produit. “Les sédiments de dragage sont soit stockés, soit rejetés en mer», explique le Professeur Mahfoud Benzerour, en charge du projet à l’IMT. Et d’ajouter : “En France, chaque citoyens consomme quotidiennement 20 kg de granulat provenant de carrière pour la construction d’infrastructures”, d’où l’importance de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement et de valoriser ce qui ne l’est pas encore assez. Avec un atout majeur, puisque la région Hauts-de-France se place parmi les leaders en matière de recherche sur les sédiments de dragage. 

De la recherche à l’application

Mais alors pourquoi ne pas allier les forces de chacun pour créer de nouveaux produits ? C’est tout l’objet de la convention de partenariat qui lie les chercheurs et l’industriel avec un nom de code : Sédiasphalte. Aux premiers de concocter de multiples formulations, le second les testera à l’échelle 1. Concrètement, le projet concerne l’étude de faisabilité d’utilisation des sédiments de dragage comme matériaux alternatifs pour la production de bétons bitumineux d’étanchéité. Critères physiques, mécaniques et environnementaux des formulations seront auscultés sous toutes les coutures. Cinq types de sédiments passeront au crible des chercheurs : marins inertes, fluviaux inertes, marins non inertes et non dangereux, fluviaux non inertes et non dangereux et enfin sédiments très organiques. Ceci pour les tester en six applications : asphaltes d’étanchéité pour le bâtiment, asphaltes de revêtement pour trottoirs, asphaltes pour caniveaux, pour parkings silos, pour les sols industriels et parvis et enfin, création de mastics d’enrochement maritimes et fluviaux. “Si les résultats et les essais en labo sont concluants, nous envisagerons ensuite des tests grandeur nature sur nos installations industrielles”, se réjouit Francis Grenier. Mieux encore, “les résultats de ce projet financé par des fonds européens seront publics”, ajoute Mahfoud Benzerour. Ils pourront alors profiter à l’ensemble de la profession qui bénéficiera de cet asphalte nouvelle génération. “La filière n’existe nulle part ailleurs dans le monde. Cette démarche régionale et française pourrait même s’exporter à l’international !”, ambitionne l’industriel. Tout juste lancé, le projet Sediasphalte s’étale sur une durée de quatre ans. Il faudra d’ici là également travailler sur le modèle économique. Avec un impératif : “cette nouvelle branche devra mieux se placer que celle de l’extraction de granulats”. Affaire à suivre !